Dans les échoppes du centre de La Paz, męme le pain commence à se faire rare. Ce nouveau symptôme d'une crise économique profonde préoccupe les Boliviens à l'approche d'une élection présidentielle dimanche qui pourrait signer un retour historique de la droite.
Wilson Paz, un travailleur indépendant de 39 ans, parcourt une dizaine de petites boutiques mais ne trouve plus de "marraqueta", ce pain blanc croustillant très apprécié dans la capitale administrative. "Nous attendons avec impatience les élections pour changer ce modèle qui nous a considérablement appauvris", souffle ce père de famille qui repart avec du pain en sachet faute de mieux.
La pénurie d'aliments, de carburant et de dollars exacerbe le mécontentement des Boliviens. Devant une échoppe, Ligia Maldonado, 70 ans, peste : "On n'a aucun espoir avec ce gouvernement", dépitée de repartir sans pain frais.
Bouleversement politique historique
Pour la première fois en 20 ans, la gauche n'apparaît pas favorite dans les sondages. Deux candidats de droite caracolent désormais en tęte du scrutin de dimanche.
Le président Luis Arce, très impopulaire, ne se représente pas. Evo Morales, à la tęte du pays à trois reprises entre 2006 et 2019, est écarté par la limite des mandats et fait l'objet d'un ordre d'arrestation dans une affaire de traite de mineure qu'il nie.
Parmi les candidats de gauche, le président du Sénat Andrónico Rodríguez et l'ancien ministre Eduardo del Castillo figurent loin derrière les deux favoris dans les enquętes.
Crise économique sans précédent
Malgré une inflation annuelle frôlant les 25 % en juillet, un record depuis au moins 2008, la marraqueta reste l'un des rares aliments dont le prix n'a pas augmenté. Le gouvernement subventionne la farine utilisée pour la fabriquer, mais elle disparaît parfois des étals faute de farine.
Le gouvernement a presque épuisé les réserves de dollars pour financer sa politique de subventions. Les exportations de gaz naturel, autrefois principal moteur de l'économie bolivienne, s'effondrent depuis 2017.
La pénurie de dollars a fait doubler leur valeur en moins d'un an. Manuel Osinaga, un chauffeur de taxi, se plaint après plus de cinq heures d'attente devant une station-service : "Tout a augmenté: les oeufs, le lait, l'huile, les pièces détachées".
Ampleur de la pauvreté
Selon la Fondation bolivienne Jubileo, la pauvreté atteindrait 44%, contre entre 36 et 37% selon les chiffres officiels. Cette différence s'explique par la prise en compte de la hausse du coût de la vie dans les calculs de l'organisation.
Carlos Tavera, un retraité de 65 ans qui vote habituellement à gauche, assure qu'il votera pour le candidat d'opposition le mieux placé. "N'importe qui vaut mieux que ça", lance-t-il. "Nous n'avons plus de dollars. Il y a des files d'attente pour l'essence, pour le pain, pour tout. Allez dans les hôpitaux, il n'y a pas de médicaments", énumère-t-il.
Changement politique en vue
Pour l'économiste Napoleón Pacheco de l'université Mayor de San Andrés, le pays serait "au bord de l'hyperinflation". Cette situation résulterait notamment de l'émission massive de monnaie par le gouvernement, avec une masse monétaire qui a bondi de 20 % entre 2023 et 2024.
Les deux favoris du scrutin, l'homme d'affaires de centre droit Samuel Doria Medina et l'ancien président de droite Jorge Quiroga, promettent d'y mettre un terme. Ils prévoient de fermer les entreprises publiques déficitaires et de réduire les subventions aux carburants dans un programme d'austérité.
Mais Napoleón Pacheco prévient : "Une période de sang, de sueur et de larmes, pour paraphraser Churchill, s'annonce. Il faut se préparer au pire".
Sources utilisées : "AFP" Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.